La stratégie UX dans un SaaS ? Sur le papier, c'est la case départ, le must-have absolu avant même de dessiner le moindre pixel. C'est censé être le phare dans la nuit qui définit le cap et guide tout le processus. Dans la vraie vie... disons que le phare est parfois un peu faiblard, non ? Pourtant, cette fameuse stratégie, elle doit (en théorie) coller à la vision et aux objectifs de l'entreprise, tout en reposant sur une compréhension fine des besoins utilisateurs (pas juste ce qu'on imagine qu'ils veulent) et des contraintes business bien réelles. Alors, dans cet article, on va décortiquer (sans jargon inutile, promis) les trois composantes essentielles de la stratégie UX selon les incontournables du Norman Nielsen Group : la vision, les objectifs & indicateurs et le plan d'action.
Sommaire
Introduction des trois composantes de la stratégie UX
Ah, la stratégie UX. Ce concept que tout le monde brandit comme la solution miracle pour créer ou améliorer un SaaS. Sur le papier, c'est magnifique : tout le monde est aligné, le client est roi, l'expérience est fluide. Mais dans la vraie vie... disons que c'est souvent plus nuancé, n'est-ce pas ?
On croise beaucoup d'équipes UX brillantes sur l'exécution : elles vous sortent des maquettes éblouissantes, des prototypes fluides, des Design Systems dignes d'une multinationale. Chapeau bas. Mais soyons francs, vous savez bien que des pixels parfaits ne suffisent pas à sauver un produit qui navigue sans cap clair. Il faut aussi maîtriser cette fameuse partie "stratégique" : comprendre où l'entreprise veut (et doit) aller pour être viable (les objectifs Business), jeter un œil curieux à ce que trament les concurrents, et surtout, traduire les retours des utilisateurs que les Customer Success Managers entendent au quotidien.
Donc, avant de se jeter corps et âme dans le Figma ou le code, petit temps mort stratégique. On relit les plans marketing (oui, même ceux qui datent un peu), les prévisions de ventes (plus ou moins optimistes), les études de positionnement, bref, on essaie de trouver du sens dans la masse d'informations. L'objectif ? Trouver une vision, des objectifs, et un plan (qui tienne plus de deux semaines).
Allez, on décortique les 3 composants essentiels de cette fameuse Stratégie UX, en s'inspirant des travaux du Norman Nielsen Group :
- La vision
- Les objectifs et indicateurs
- Le plan
1. La vision produit
Avant de mobiliser des équipes et des budgets sur votre SaaS, stop. On respire et on se pose la question qui fâche (un peu) : quelle est notre vision ? Pas le genre de vision éthérée qu'on affiche fièrement sur le site web, mais une direction (vraiment) claire, qui donne du sens et, idéalement, un peu d'envie. C'est la boussole. Sans elle, vous risquez le syndrome "une feature par-ci, une feature par-là", et le résultat ressemble souvent à un méli-mélo un peu bancal.
Cette vision, elle ne tombe pas du ciel (malheureusement). Elle doit être connectée à la mission et la stratégie globale de votre entreprise (même si celles-ci sont parfois sujettes à interprétation). Elle doit tenir compte de votre positionnement (ce que vous faites mieux, ou différemment, des autres), de vos valeurs (les vraies, pas juste celles des posters), et de votre ADN. Bref, un minimum de cohérence, s'il vous plaît.
Le Norman Nielsen Group suggère que cette vision peut naître de deux grandes sources : soit vous vous attaquez à un problème bien douloureux pour une foule de gens, soit vous chouchoutez les besoins très pointus d'une niche. Peu importe la voie, l'objectif reste le même : créer une expérience utilisateur qui ne soit pas juste "utilisable", mais qui apporte une réelle valeur ajoutée. De quoi justifier que vos utilisateurs finaux sortent leur carte bleue (ou continuent de le faire).
Mettons ça en pratique
Imaginez un SaaS qui aide les PME à gérer leur comptabilité. La vision pourrait être : "Rendre la compta si simple et transparente que même un entrepreneur débordé puisse dormir sur ses deux oreilles". Ça souligne le bénéfice utilisateur (simplicité, tranquillité) et la cible.
Qu'est-ce que ça implique au quotidien ? Que chaque décision de conception ou de développement doit passer ce test : "Est-ce que ça simplifie vraiment la vie de notre entrepreneur ? Est-ce que ça apporte de la clarté ?". Si une idée, même séduisante techniquement, complexifie les choses, on la met gentiment de côté (ou on la retravaille).
La vision, ce n'est donc pas juste un exercice de style pour séminaire d'entreprise. C'est le garde-fou stratégique qui empêche votre produit de partir dans tous les sens. Une vision claire et partagée, c'est le meilleur moyen d'aligner vos équipes et de construire un produit que les gens non seulement utilisent, mais apprécient et recommandent.
2. Objectifs et indicateurs
Bien, vous avez votre cap (la vision). Super. Maintenant, comment on sait si on avance, si on recule, ou si on fait du surplace en dépensant du budget ? Il faut des objectifs clairs et des indicateurs de mesure (les fameux KPIs, mais les bons, pas ceux qui font juste joli dans les rapports).
Pourquoi se donner la peine de mesurer ?
Parce que "améliorer l'expérience utilisateur", ça ne veut rien dire sur un bilan comptable. Il faut traduire ça en objectifs tangibles ("On veut réduire le temps pour faire X de Y%") et en mesures concrètes ("Notre taux de réussite sur la tâche Z est de..."). C'est la seule façon de savoir si vos initiatives UX portent leurs fruits, d'identifier ce qui fonctionne (ou pas), et de justifier les ressources allouées.
L'alignement business : parler le langage de ceux qui signent les chèques
Attention, minute de réalisme : les objectifs UX ne peuvent pas flotter en surface. Ils doivent être solidement ancrés dans les objectifs Business de votre boîte. Comment générez-vous du revenu ? Qu'est-ce qui fait tiquer (positivement ou négativement) la direction ? Quels sont les KPIs qui comptent vraiment ? Comprendre ça, c'est vital. Quand l'UX démontre son impact sur la rétention, l'acquisition, ou l'efficacité opérationnelle, elle passe de "on verra si on a le budget pour que ce soit beau" à "levier de croissance stratégique". Et ça, ça change tout.
Comment faire ?
Les grands objectifs stratégiques, ça se décide souvent "en haut". Mais c'est à l'équipe UX (ou son leader) de proposer les bons indicateurs pour mesurer l'atteinte de ces objectifs côté expérience utilisateur (pensez Churn, NPS, taux de complétion...). Le défi : choisir des métriques qui ont du sens, qui sont actionnables.
Exemple d'objectifs et KPIs
Si on reprend notre exemple avec notre vision : "Simplifier la compta pour la tranquillité des entrepreneurs". Comment on mesure ça ? Quelques pistes, avec une pincée de HEART framework pour structurer :
Objectifs (traduction de la vision) | Résultats clés possibles (comment on vérifie) |
---|---|
Utilisateur : Passer moins de temps sur les tâches rébarbatives. Entreprise : Augmenter l'adoption et la fréquence d'usage. |
Engagement : +10% d'utilisateurs actifs hebdomadaires. Task Success : Taux de complétion de la "déclaration de TVA simplifiée" > 90%. Efficiency : Temps moyen pour catégoriser 10 transactions < 5 minutes. |
Utilisateur : Se sentir plus confiant et moins stressé par la compta. Entreprise : Améliorer la satisfaction et la rétention. |
Happiness : Score de satisfaction sur la clarté des tableaux de bord > 4/5. Adoption : Taux d'utilisation de la fonctionnalité "prévision de trésorerie" > 30%. Rétention : Taux de Churn mensuel < 1.5%. |
Avec des objectifs et des mesures clairs, on arrête de naviguer à vue d'oeil. On pilote. Et on peut enfin avoir des conversations constructives basées sur des faits, pas juste des opinions.
3. Le plan d'action
Vision ? OK. Objectifs mesurables ? OK. Maintenant, le moment où ça devient concret : le plan d'action. Comment passe-t-on des belles idées stratégiques à des réalisations tangibles dans le produit ? Il faut une feuille de route. Sinon, les objectifs restent des rêves et les équipes s'épuisent.
Les initiatives et jalons
Les grands objectifs annuels, c'est bien pour la direction, mais ça ne dit pas quoi faire lundi matin. Il faut découper tout ça en initiatives plus petites, plus concrètes, avec des échéances claires (souvent trimestrielles). Ces jalons permettent de rythmer le travail, de voir les progrès et d'ajuster le tir si on part dans le mur.
L'art de la planification
Soyons lucides : un plan gravé dans le marbre est un plan mort-né. Le marché bouge, les concurrents innovent, les utilisateurs découvrent de nouveaux besoins (ou de nouveaux bugs). Il faut donc prévoir de la flexibilité. Mais attention, flexibilité ne veut pas dire "on verra bien" ! Une bonne organisation est essentielle. Des outils (Notion, Asana...) pour suivre qui fait quoi et quand. Et surtout, surtout, ne pas oublier d'intégrer l'UX Research en continu. C'est le meilleur antidote contre le développement de fonctionnalités magnifiques... mais parfaitement inutiles. Parler aux vrais gens, ça évite bien des déconvenues.
Exemple de plan trimestriel
Reprenons notre exemple.
Objectif : Simplifier la catégorisation des transactions (cf. objectif d'efficacité). Plan pour le T1 :
Initiative T1 | Plan d'Action Détaillé |
---|---|
Optimiser la catégorisation des transactions bancaires |
Mois 1 : Comprendre la galère actuelle Mois 2 : Imaginer et tester des solutions Mois 3 : Construire et mesurer (le début) |
Ce type de plan donne un cadre, des étapes claires, et intègre le feedback utilisateur avant de coder pendant des semaines. C'est moins glamour que de lancer une "killer feature" sortie de nulle part, mais c'est souvent plus efficace.
Conclusion
Voilà, les trois piliers : Vision (le pourquoi), Objectifs & Indicateurs (le comment on sait si ça marche), Plan d'Action (le quoi et quand). Maîtriser ces trois piliers, c'est se donner les moyens de construire un SaaS qui a du sens, qui répond aux attentes des utilisateurs et, accessoirement, qui atteint ses objectifs business.
Mettre en place une vraie stratégie UX, ce n'est pas juste cocher une case "on fait de l'UX". C'est un investissement continu pour construire un produit solide, réduire les risques, et créer un avantage concurrentiel durable. Parce qu'aujourd'hui, une expérience utilisateur médiocre, ça ne pardonne plus vraiment. Le succès à long terme de votre SaaS en dépend largement.